A l’occasion du Conseil Communautaire de Bouniagues, le 11 mai 2010, la Communauté de communes de Bergerac Pourpre a voté une participation financière pour la réalisation d’une étude quant à un projet de « Musée Cyrano », à Bergerac.
Les conseillers communautaires ne pouvaient que saluer l’initiative de leur Président Dominique Rousseau, tant la question de capitaliser sur l’image du héros d’Edmond Rostand se pose depuis de nombreuses années. Cette proposition de participation financière s’inscrit pleinement dans les missions de l’intercommunalité, dès lors qu’il s’agit de pouvoir travailler sur des logiques de projets structurants pour le territoire. Au nom de sa compétence «développement touristique», Bergerac Pourpre accompagnera le Conseil Interprofessionnel des Vins de la Région de Bergerac (C.I.V.R.B.) pour reconvertir le site du cloître des Récollets. Cette étude pourrait déboucher sur une contribution à notre objectif politique de recherche de bases durables d’une diversification économique du Bergeracois par le tourisme. Encore faut-il une locomotive pour susciter l’intérêt du grand public et parvenir à sédentariser davantage le tourisme de passage. La bataille de la nuitée hôtelière est un enjeu de la stratégie bergeracoise, depuis plus de trente ans.
Une vitrine pour notre patrimoine
Le projet de Musée Cyrano deviendrait un point de départ pour un tourisme familial en bergeracois, une vitrine entraînant le visiteur à la découverte du patrimoine de notre Communauté. Cette démarche serait un élément complémentaire et séduisant de notre recherche de labellisation « Ville et Pays d’Art et d’Histoire », en y associant le prestige de ce patrimoine immatériel. Il était donc grand temps d’étudier cette hypothèse avec sérieux, en sollicitant des professionnels, pour la concrétiser ou la solder définitivement.
Un formidable cadeau
Avec l’image de Cyrano, le bergeracois dispose d’une attractivité incomparable. Au-delà de l’image de marque, nous devons saluer le formidable cadeau légué par Edmond Rostand. Son personnage est connu dans le monde entier, symbole du panache à la Française, mythe de la littérature mondiale aux cotés de Don Quijote ou d’Hamlet. Même si ce héro n’a plus rien à voir avec sa source d’inspiration, Bergerac aurait tort de nourrir quelques scrupules à l’égard d’Hercule Savinien de Cyrano. Ce dernier cultivera, à sa manière, l’ambiguïté à l’égard de notre ville puisqu’il attendra d’avoir rejoint les Cadets de Gascogne pour prendre le nom de Bergerac : en référence, certes, à une terre possédée par sa famille dans la vallée de Chevreuse mais aussi au nom plus évocateur et plus gascon. D’autre part, il est amusant de se replonger avec Rostand dans ce Paris littéraire de la fin du 19èmesiècle. Nous y retrouvons d’illustres Bergeracois côtoyant Sarah Bernhardt ou Constant Coquelin, le premier Cyrano sur les planches : de Mounet Sully le grand tragédien, à Samuel Pozzi, le père de la gynécologie en France. Aujourd’hui, les Bergeracois ne nous ont pas attendus pour s’approprier le personnage de Cyrano. Plus d’une quinzaine d’activités économiques porte son nom. Que dire également de cette mode des municipalités bergeracoises à nous livrer une statue du mythe, à chaque changement de mandature?
Fédérer les initiatives
Cet attachement populaire et politique au personnage de Cyrano mérite d’être exploité et rationalisé pour éviter toute dérive mercantile. L’idée d’un musée Cyrano à Bergerac est dans l’air du temps depuis de nombreuses années, mais elle ne peut souffrir de médiocrité à l’image de son sujet. Elle ne part pas de rien et devra s’efforcer de fédérer les nombreuses initiatives qui accompagnent le projet. Comment ne pas évoquer la collection du regretté Jean Louis Leclair ? Elle constituerait à elle seule un cabinet de curiosités. Nous nous devons également de saluer les efforts considérables de Thomas Sertillanges, ancien journaliste de France Inter, pour populariser l’idée d’un musée. Il est l’instigateur des amis du Musée Cyrano de Bergerac. La Ville de Bergerac n’est pas en reste. Son Musée d’intérêt national du Tabac dispose d'un fonds de recherche disponible sur Sarah Bernhardt et sur ce Paris artistique de la fin 19ème. Enfin, l’expérience de la jeune artiste Véronique Lorne, dans le cadre du projet « Monk » de démocratisation de l’art contemporain à Bergerac, mérite également d’être citée pour son travail sur le nez et la notion de patrimoine olfactif dans notre ville.
A l'exemple de Don Quijot
Au moment où le Conseil Interprofessionnelle des Vins de la Région de Bergerac quitte le cloître des Récollets, cet ancien couvent du 17èmesiècle et contemporain de Cyrano, nous ne pouvons pas laisser ce site à la seule spéculation immobilière. Ce n’est pas l’intention des propriétaires. Notre communauté de communes a le courage de financer cette étude de faisabilité afin de pouvoir faire appel à des professionnels capables de structurer et de développer un projet touristique, culturel et grand public dont nous avons besoin. L’objectif de 100.000 visiteurs par an est ambitieux et réaliste. Nous ne partons pas de rien. D’autres expériences existent comme en témoigne le succès de la politique de développement touristique menée par la communauté autonome de Castilla la Mancha, en Espagne, autour du Don Quijote, grand ancêtre de Cyrano. Que nous puissions rencontrer le même succès.