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Sur scènes et sur écrans

2010 - Deyan Donkov

Sofia - Théâtre National Ivan Vazov

Le grand maître du bonheur rêvé est de retour en Bulgarie, dans une mise en scène originale de Tedi Moskov.


L'affiche du spectacle © Stefan Despodov

L'affiche du spectacle © Stefan Despodov
Vers la moitié du mois de mai de cette année 2010, le 16 exactement, un nom trop oublié est réapparu soudainement en grosses lettres sur l’affiche du Théâtre National de Bulgarie. « Cyrano de Bergerac : Comédie héroïque » déclarait triomphalement la grosse pancarte plantée à gauche de l’entrée centrale. En s’approchant, le passant y distinguait le croquis d’un mousquetaire habillé en vêtements multicolores et jouant du fifre… Mais ce fifre se révèle être en réalité son propre nez !

Cyrano était donc de retour en ville et le défi collectif lancé en même temps !

Tout comme dans la pièce de Rostand, ils ont été nombreux à venir à sa rencontre : le spectacle est rapidement devenu un succès et malgré les dates supplémentaires annoncées pour le mois de juin, les billets disponibles ont été difficiles à trouver.

Beaucoup prétendent connaître la formule de la réussite : un texte merveilleux, un réalisateur doué, des acteurs de grand talent et une scénographie sobre, mais très originale, lourde de sens caché et de symboles.

Ainsi, sur la scène, le cœur de l’homme est représenté tel grande porte fermée dont la serrure ne connaît qu’une seule clef : La femme. Plus loin, voilà Cyrano lui-même voyageant sur son bateau de rêves... Et l’on s’aperçoit alors que la voile à la forme d’un grand nez – reflet de son âme ; la coque où il s’est accroupi naïvement trace les contours d’une bouche : la sienne peut-être d’où son verbe vif et cristalin jaillit... ou bien la bouche de la bien-aimée inaccessible à tout jamais.

Ce provocant mariage du rêve avec la réalité, du classique avec le moderne, du poétique avec le grotesque est signé Tedi Moskov, grand réalisateur bulgare, connu pour sa capacité à ouvrir grand les yeux de son public sur les côtés les moins attirants du caractère humain, mais contre lesquels on ne se donne même pas la peine de lutter.

A travers sa nouvelle lecture de Cyrano (c’est sa troisième mise en scène de la pièce en trente ans ) Tedi Moskov fait la preuve de son humour âpre et juste qui touche sans faute à la fin de chaque envoi et qui n’excuse pas les aspects négatifs de la société moderne. Cyrano jette à la face de la médiocrité sa risée et son verve sans merci, sans oublier toutefois de rester fidèle au texte original de la pièce de Rostand grâce à la traduction du grand poète bulgare Vesseline Hantchev.

Ce monde onorique, créé avec virtuosité et fantaisie par le scénographe Tchavdar Ghiuzelev, prend vie sous les yeux du spectateur, peuplé de personnages à la Comedia dell’arte, semblables à des marionettes à fil, faites en papier et qui se croisent, rient, bavardent, s’escriment, s’aiment et meurent blessés d’eux-mêmes.

On s’indigne et rit d’un Christian vulgaire, insolent et bête à pleurer, mais beau et charmant ,aimé par la vie et protégé par la fortune. On souffre en silence et de tout son être avec un Cyrano drôlement “amputé” de son nez-emblème et qui n’a droit qu’à être l’ombre de son ombre. Il commence en bouffon et finira en triste clown, dévasté par trop de bonheur remis et d’amour jamais reçu. Mais ce ne pourrait jamais être autrement car, comme il le dit, lui-même :

« Adieu, rêves, regrets, vieille province, amour. . .

Ce qui du fifre vient s'en va par le tambour ! ... »


Petit quiz : si le nez, représenté en tant que fifre sur l’affiche du spectacle, est vraiment l’habitation de l’âme humaine, quel sera l’air de votre fifre ? A quoi ressemblera la musique de votre âme ?

Ce spectacle ne pourrait jamais être réalisé sans le talent des vedettes du Théâtre national. Alors avant de quitter la salle, un dernier salut, Mesdames et Messieurs, et tous vos applaudissements pour ceux qui vous ont plongé dans le monde tissé de rêves du grand voyageur aérien.

Deyan Donkov dans le rĂ´le de Cyrano

Vladimir Karamazov dans le rĂ´le du beau Christian

Ana Papadopulu - la charmante Roxane.

Et Dimo Aléxiev, Théodor Elmazov, Victoria Koleva, Sava Draguntchev et Hristo Therziev.

Anthony Dontchev a mis de la musique sur vos rêves et Sylva Vélitchkova les as habillés pour vous.

Bonne chance Ă  tous !

© Nadejda Urumova

TOUT N'EST QU'UN RĂŠVE

Propos de Tedi Moskov pour son spectacle “Cyrano de Bergerac” publiés sur le site internet du Théâtre national Ivan Vazov.

« ... Il y a déjà une bonne vingtaine d’années, il m’a fallu travailler pour la première fois sans ma troupe. C’était au Théâtre Satirique de Sofia. J’étais très jeune alors, trop hésitant (…) et j’ai pris la décision de mettre en scène quelque chose qui me tenait à cœur et qui allait me donner le courage de réussir. C’était Cyrano

Le spectacle, tel qu’on l’a réalisé, était pour le moins inhabituel pour le répertoire du Théâtre Satirique. (...) On peut dire que ce < />Cyrano de Bergerac fut mon baptême du feu(...).

Une dizaine d’années plus tard j’ai repris le spectacle au Thalia Theater à Hambourg et là il est vite devenu la représentation préférée du public, à juger des tas de lettres et de messages que les spectateurs laissaient pour les acteurs et l’équipe technique dans une boîte mise au foyer.

Lors d’une conférence de presse on m’a “reproché” de faire pleurer les spectateurs allemands à la fin du spectacle. J’ai répondu que cela ne faisait rien, puisque ce n’était que la seconde fois où ils versaient des larmes après Stalingrad... Et voilà que je venais de me faire cinquante ennemies en cinq secondes seulement. C’était riposter du tac au tac ; j’étais sous l’influence de mon héros qui déclare ouvertement : « Eh bien ! oui, c'est mon vice. Déplaire est mon plaisir. J'aime qu'on me haïsse. »

Autre chose qui me rapproche au personnage au grand nez, c’est que moi aussi je ne fais que remettre tous mes voeux à plus tard. C’est en effet la seule manière que je connaisse pour faire mes rêves “plus rêvés” encore. Car tout ce que l’on n’achève pas, reste un rêve ; tandis que le rêve une fois accompli, tombe dans l’oubli du carnet des souvenirs.

Je veux me rapprocher de Cyrano mais pourrais-je jamais l’atteindre ? Ne vaut-il pas mieux le laisser tel qu’il est : un rêve ? C’est bien cela : je vais continuer de le mettre sur scène, tout comme Sisyphe, sans jamais l’atteindre… »


Photos du spectacle : © Atanas Kantchev


© Traduction de Nadejda Urumova




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BULGARIE


  Auteur

Nadejda Urumova



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Publié le 03 / 06 / 2010.


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