« Un courant passe, imprévu, entre le texte fleuri du dramaturge et la force, hardie et triste en même temps, qu'insuffle Gérard Depardieu à Cyrano. »
Jean-Michel Frodon, L'Âge moderne du cinéma français, Flammarion, 1995, p. 681.
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Cyrano de Bergerac
France, 1990, 2h18, couleur, format 1.66
RĂ©alisation : Jean-Paul Rappeneau
Scénario : Jean-Claude Carrière, Jean-Paul Rappeneau d’après la pièce d’Edmond Rostand
Photo : Pierre Lhomme
Musique : Jean-Claude Petit
Montage : Noëlle Boisson
DĂ©cors : Ezio Frigerio
Costumes : Franca Squarciapino
Production : René Cleitman, Michel Seydoux
Interprètes : Gérard Depardieu (Cyrano de Bergerac), Anne Brochet (Roxane), Vincent Pérez (Christian de Neuvillette), Jacques Weber (Comte de Guiche), Roland Bertin (Ragueneau), Philippe Morier-Genoud (Le Bret), Pierre Maguelon (Carbon de Castel-Jaloux).
Sortie en France : 28 mars 1990
Dans le genre superproduction à la française, demandez Cyrano. Dix césar, cinq nominations aux Oscar, le Golden Globe, le prix du meilleur film étranger, le Board of Review décerné par l’Association des Critiques de New-York, le prix de l’Académie nationale du Cinéma pour le meilleur film français de l’année, le prix Georges de Beauregard 1990, le prix d’interprétation pour Gérard Depardieu à Cannes la même année, d’autres prix encore à l’étranger. Jean-Paul Rappeneau adapte la pièce au cinéma en gardant les dialogues en vers : « Je ne sais plus moi-même ce qui est de Rostand, ce qui est de Carrière, ce qui est de moi, écrit-il dans une lettre aux comédiens. Au fond, ce que je souhaite c’est que les vers soient là sans y être, qu’ils soient comme une musique présente mais légère qui courra à travers le film, avec parfois des éloignements et parfois des accentuations. Je suis à la recherche d’une musique, d’un son, d’une harmonie. »
Au départ, de nombreux producteurs en furent effrayés et refusent le projet. « Faire un film en alexandrins pour un public de 1990, témoigne Michel Seydoux qui lui accepta, avec Jean-Paul Rappeneau aux commandes et un budget énorme me paraissait un défi formidable et une aventure humaine et artistique passionnante. Un producteur s’attache plus à la qualité de ce qu’il entreprend qu’au succès commercial. »
Gérard Depardieu parle également de cette différence entre la pièce et le film : « Au théâtre, Cyrano est forcément claironnant. Au cinéma, non. Moi, je l’ai joué extrêmement violent dès la première scène. D’entrée de jeu, Cyrano va se comporter comme un démolisseur, un type qui fait exploser les murs du théâtre pour exécuter ses numéros de duel dans la rue, sur le parvis. C’est une idée géniale de l’adaptation, un rappel surprenant des happenings de mai 68. »
Vincent Perez pense que « le personnage de Christian est plus fort dans le film que dans la pièce. Il inspire vraiment de l’amour à Roxane, et même à Cyrano. Il a deux langages, le langage du texte et un langage parallèle qui est celui de l’émotion non-dite. » Gérard Depardieu en Cyrano prodigieux, tonitruant et sensible, hâbleur et délicat, dans un chef-d’œuvre du cinéma français. Le grand écran et le public de la Halle Tony Garnier lui iront bien.
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DES MOYENS COLOSSAUX
Cyrano de Bergerac a nécessité 2000 comédiens et figurants, 2000 costumes dont la moitié créés spécialement pour le film ; un véritable arsenal : 300 épées, 500 piques, 150 mousquets, 100 pistolets, 2 obusiers et dizaine de canons ; 40 décors construits en studios ou en aménagement extérieurs ; plusieurs hectares ensemencés pour recréer la végétation du siège d’Arras ; l’élargissement d’une rivière et le réaménagement d’une forêt entière. Les perruques et les coiffures ont été créées par Paul Leblanc, un Canadien qui a obtenu l’Oscar pour son travail dans Amadeus.
www.festival-lumiere.org
TOURNAGE AU MANS
 FESTIVAL DE CANNES
GRAND PRIX D'INTERPRETATION
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