Dans Edmond Rostand, Ecrivain imaginaire de Jean-Baptiste Manuel, on trouve un souvenir de René Etiemble relatif à une représentation de Cyrano. Pour l'heure, nous n'en savons pas plus.
« Etiemble évoque le souvenir d'une représentation de Cyrano au Japon dans les années soixante. A l'affiche : Shirano Benjuro, traduction japonaise. Il s'étonne de l'extraordinaire engouement du public pour ce héros, pourtant si éloigné de lui.
A la question qu'il pose à l'acteur japonais qui joue le rôle titre :
« Pourquoi diable aimez-vous à ce point Cyrano, vous autres Japonais ? » Onoé Shoroki, l'acteur, répond : « Parce que d'abord, l'idéal de générosité, d'honneur, de sacrifice, de valeur militaire, celui de Cyrano, c'est exactement celui de notre bushido, (code d'honneur des samouraïs), c'est la voie même de nos guerriers ; parce qu'ensuite, de toutes les pièces françaises que nous connaissons, le Cyrano de Rostand est celle assurément dont le ton se rapproche le plus de notre kabuki (forme traditionnelle du théâtre japonais d'une grande richesse esthétique). Le premier acte de Cyrano, en particulier, évoque pour nous, invinciblement, Sukeroku. » Sukeroku, la pièce de kabuki la plus réussie, montre un personnage chevaleresque, défenseur, des humbles, poète, musicien, habile dans tous les exercices du corps et de l'esprit. »
Edmond Rostand, Ecrivain imaginaire, Jean-Baptiste Manuel, Atlantica, 2003