Cyrano escrimeur
Le maître d'arme Gérard Six tire son épée..
« Escrimer se dit aussi figurément en morale, des disputes, des débats et des contestations. Il y avait du plaisir à la dispute de ces jeunes bacheliers, à voir comme ils s'escrimaient avec leur ego ». Antoine Furetière, Dictionnaire universel, 1690
Lorsque le Maître Gomard écrivait en 1845 que « depuis longtemps il n'y a plus rien à inventer dans l'escrime, mais il y a à analyser, à classer, à coordonner », il était loin du compte car les faits contredisent sa théorie. L'escrime n'a pas d'âge, elle est l'exemple parfait d'une activité flexible et généreuse qui se prête, se transforme, se calque en fonction des objectifs et des activités tout en gardant sa spécificité. L'escrime, arme polymorphe intemporelle, s'enrichit dans les mains de ses multiples inventeurs pour donner naissance à des pratiques culturelles très variées.
Pour vous le prouver, nous avons demandé à un expert, Cyrano de Bergerac, ce qu'il pensait de cette définition trouvée dans un dictionnaire : « Escrime, sport opposant deux adversaires au fleuret, à l'épée et au sabre ».
Ah, non ! C'est un peu court ! On pourrait dire bien des choses en somme ? En variant le ton, par exemple, tenez :
Pratique : l'escrime est plus qu'un sport pratiqué avec un adversaire. Plus que le fleuret, l'épée et le sabre, ses armes sont innombrables.
Naïf : ne pourrait-on définir l'escrime comme l'art de se servir des armes de tranchant et de pointe pour se défendre et pour toucher l'adversaire ?
Descriptif : étymologiquement, le terme escrime provient du sanscrit et de l'Asie, où, sur la place publique, les Brahmanes enseignaient l'exercice des armes depuis la nuit des temps. Les précurseurs Chinois apprenaient déjà l'escrime vingt siècles avant notre ère. Plus récemment, le mot « escrime » proviendrait du scandinave « skrimen », ou de l'allemand médiéval « skremen », signifiant « art de se défendre ».
Amical : Savez-vous que René Descartes était un escrimeur redoutable, il écrivit en 1620 un traité sur la pratique des armes jamais édité ni retrouvé. Qu'un scientifique s'intéresse à l'escrime peut sembler étonnant, et pourtant, il ne fut pas le seul, certains géomètres d'armes voulurent la codifier et y trouver les lois scientifiques qui la structurent.
Curieux : Mais pour quelles raisons ? je crois fort honorables ? l'escrime semble aussi captiver hommes de lois et militaires, éducateurs et écrivains, et même les médecins ? Les plus grands Rois ne lui donnèrent-ils pas ses lettres de noblesses en transformant l'artisan « escrimisceur » en noble maître d'armes ?
Agressif : Ignorez-vous monsieur, que la bibliographie sur l'escrime s'enrichit de plus de 3000 ouvrages d'histoires, traités et études, de manuels souvent très spécialisés et diversifiés ?
Prévenant : Gardez-vous d'ignorer, qu'au fil des millénaires, l'escrime fut classée parmi les disciplines nobles et militaires, revêtit l'habit des Arts Académiques aux côtés de la danse et de l'équitation, courtisa assidûment les sciences et s'inscrivit en première place parmi les jeux physiques et les sports. Elle n'oublia pas, bien évidemment, de se distinguer parmi les disciplines les plus éducatives qui soient !
Admiratif : Très peu d'activités peuvent se vanter d'avoir traversé l'Histoire, participé à la culture universelle et contribué de façon aussi marquante à l'évolution humaine.
Interrogatif : L'escrime est-elle une science ou une pratique, un sport ou un jeu, un art de tuer ou un art de vivre ? Ne doit-on y voir que l'opposition armée entre deux adversaires ou comprend-elle aussi toutes pratiques armées sans adversité réelle ? Pour cataloguer l'escrime doit-on utiliser les armes employées ou les objectifs poursuivis, doit-on choisir le règlement ? Faut-il y inclure toutes les pratiques avec arme blanche, le bâton et la canne ?
Philosophique : Là où certains maîtres voient en l'escrime une technique armée, les maîtres des arts martiaux japonais y voient surtout une philosophie. Le Budo donne à travers une expérience des méthodes de combat, une meilleure compréhension de soi pour parvenir à comprendre ses semblables. Le savoir faire technique se transforme ici en un savoir être où la maîtrise de l'arme n'est que le prolongement de la maîtrise de soi.
Pédant : Sachez Monsieur, qu'elle n'est ni réductible à une séquence de gestes du genre phrases d'armes, ni limitée à une pure philosophie, elle répond à la totalité de la personne qui s'escrime. L'important en escrime c'est l'escrimeur.
Emphatique : L'escrime d'aujourd'hui est une pratique physique et mentale qui se veut universelle et non sectaire. Son image actuelle est un savant mélange entre les réminiscences du passé et les perceptions du présent : elle tient beaucoup à la notoriété de ses champions. Jeux Olympiques et champion(ne)s forment une vitrine incontournable de la pratique sportive, une vitrine achalandée par des champions aux trois armes dont la notoriété a parfois du mal à dépasser le sérail de ce sport si riche aussi par ailleurs.
Réaliste : Effectivement, l'escrime actuelle comporte certes la compétition, mais c'est aussi le sport pour le sport et une activité de loisir aux possibilités de pratiques variées. L'escrime prend aussi les traits d'une pratique scolaire fort enrichissante, bien qu'encore trop confidentielle, ou d'une activité artistique et historique très diversifiée ; c'est également une formidable pratique rééducative ou une pratique handisport.
Enfin dans une concision toute militaire : Soyons clairs, l'escrime représente un ensemble de pratiques plus ou moins codifiées utilisant des armes de pointe et de tranchant. Elle peut se pratiquer seul(e) ou à plusieurs, avec un partenaire ou un adversaire, dans le but de gagner, d'éduquer, de combattre ou (et) mimer un combat.
© Gérard Six 2008
|
|
ALLEMAGNE
Gérard SIx
Maître d'armes
Publié le 11 / 02 / 2008.
Imprimer
Envoyer
Retour
Publicité |
|
|