Cirano de Bergerac, poema sinfonico
En 1929, Aldo Finzi donne à Florence la première de son poème symphonique.
Aldo Finzi naît à Milan le 4 février 1897 d'une vieille famille juive originaire de Mantoue chez qui l'amour de la musique est une tradition. Après les études classiques au lycée Parini de Milan, il obtint sa maîtrise en droit à l'Université de Pavie ; en même temps, il recevait son diplôme de compositeur, en candidat libre, à l'Académie Santa Cecilia de Rome. Il eut très vite du succès et devint célèbre parmi les jeunes musiciens italiens.
La forme du poème symphonique, pas très fréquente dans le catalogue des musiciens italiens de l’entre-deux-guerres, fut très cultivée par Finzi, qui aimait les vastes fresques sonores, l’orchestre multicolore, la splendeur des contrastes de timbres : ce Cyrano en est la preuve, le Cadet de Gascogne chanté par Rostand dans son élégante pièce à succès.
Finzi structure son Cyrano en trois vastes mouvements qui se succèdent sans solution de continuité : une première partie, d’un caractère héroïque (Les cadets de Gascogne), caractérisée par un motif perçant confié aux cors et qui reviendra plusieurs fois, savamment varié, dans le cours de la composition ; une seconde section déployée lyriquement, dans laquelle le thème de Cyrano, l’une des idées les plus réussies du travail, s’exhale dans les sonorités des violons en registre aigu , et une partie finale (Le baiser, celui que Cyrano mourant reçoit des lèvres de Roxane), qui présente un motif singulièrement analogue à celui de Cyrano, presque à en signifier l’identification, dans la personne du gascon, de la nature de bretteur infaillible et d’amant passionné et infortuné.
La deuxième section est précédée d’un air grotesque dans lequel le thème de Cyrano est déformé par des dissonances cinglantes, dans le timbre perçant de la clarinette basse et des bassons "staccato" : en ceci, il me semble juste supposer une intention allusive sur le fameux "nez" qui déformait le visage du bretteur, justicier implacable de qui y faisait allusion. Le poème s’achève en s’éteignant en sonorité "pp". Cyrano meurt. "…. que j’emporte malgré vous, et c’est…mon panache ", dans un climat de recueil ému.
Grand orchestre, bois à trois, cuivres au complet, deux harpes, cordes et une percussion très fournie ; à côté des instruments traditionnels, le rare sistre lui aussi (instrument à percussion d’origine très ancienne, le sistre moderne consiste en une sorte de petit vibraphone de table) : exemple unique de son emploi dans la musique d’art, Finzi s’en sert avec des notes d’élégance raffinée.
Le Cyrano, exécuté en première absolue au Maggio musicale de Florence en 1929 sous la direction du Maestro Gui, reçut un accueil très chaleureux du public, qui alla même, chose rare pour un poème symphonique, de plus moderne, jusqu’à en réclamer (en vain) le bis : montrant ainsi de partager le jugement favorable de l’œuvre émis par la commission dont faisaient partie Toscanini, Alfano et Pizzetti.
© Gian Paolo Sanzogno, chef d'orchestre Traduction de Christiane-Sophie Volterra
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ITALIE
Christiane - Sophie Volterra
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Publié le 13 / 06 / 2008.
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