D'un an son aîné, Henri Lebret fut dès l'enfance, et pour toute sa vie, le grand ami de Savinien : ils étudièrent ensemble, et ensemble s'engagèrent aux Cadets de Gascogne et ils quittèrent l'armée en même temps. Après la mort de Cyrano, Le Bret, devenu chanoine, publia la première édition de L'Autre Monde en 1657, avec une préface biographique.
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Henri Le Bret (1618 - 1710)
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Dans Cyrano
Quel ami que cet ami-là ! Et quelle amitié est la leur pour que Cyrano, si ombrageux, supporte ses remontrances :
Jeter ce sac d'écus, quelle sottise ! lui reproche Le Bret à l'hôtel de Bourgogne, après qu'il ait jeté sa
pension paternelle à Bellerose inquiet de l'argent
qu'il va falloir rendre !. Ses conseils n'ont guère plus de succès :
Voilà Le Bret qui grogne ! Mais c'est à Le Bret qu'il confie :
Mon ami, j'ai de mauvaises heures ! De me sentir si laid, parfois, tout seul... !. Qui d'autre que Le Bret oserait dire à Cyrano, après l'avoir écouté sans broncher dans sa tirade désespérée des ?Non merci? :
Fais tout haut l'orgueilleux et l'amer, mais, tout bas, Dis moi tout simplement qu'elle ne t'aime pas !
Malgré sa sollicitude, Le Bret n'est pas parvenu a assagir son ami ; et tout ce qu'il avait prédit :
l'abandon, la misère se réalise. Quand, au couvent où Roxane a trouvé refuge, Ragueneau lui apprend que d'une fenêtre,
un laquais laisse choir une pièce de bois, il s'en prend aux auteurs de cet accident ? qui n'en est peut-être pas un -
Les lâches ! avant de lancer un vrai cri venu du c?ur,
Cyrano !. Il se désespère
C'est affreux ! s'angoisse
Il est mort ?, s'inquiète
Il souffre ? avant d'espèrer qu'
un médecin ? puisse sauver son
Pauvre Cyrano !
Dans la vie
Eh bien, dans la vie, Le Bret se révèle être aussi cet ami précieux... Savinien en a eu d'autres, d'Assoucy et Voiture par exemple, mais les liens se sont brisés pour des motifs justifiés ou pas. Avec Le Bret, l'amitié aura duré près de trente ans ? voilà de vrais amis de trente ans ! ? puisqu'ils se sont connus enfants, partageant le même précepteur. C'est Le Bret qui l'encourage à s'engager dans l'armée car Savinien usait et abusait de
la grande liberté qu'il avait de ne faire que ce que bon lui semblait. Et c'est à Le Bret enfin que nous devons de connaître ?un peu ? de la vie de Cyrano grâce notamment à sa préface de l'édition posthume des ?uvres de son ami dont il s'est chargé. Il a embelli le portrait ? Il a expurgé les écrits de ce qui auraient pu, à l'époque, trop porter préjudice à la réputation de son ami ? Et alors ?
Au Blanc Mesnil
Enfant, Henry Le Bret habitait le petit hameau du Mousseau, situé sur la commune du Mesnil-Saint-Denis... à quelques pas du château de Mauvières où se trouvait son ami Savinien. C'est d'ailleurs le curé de cette paroisse, Noël Berthault, qui s'occupa de leur éducation, de 1625 à 1631. On se souvient du surnom que lui avait donné Savinien qui, c'est le moins que l'on puisse dire, ne l'appréciat pas : « Ombre de Sidias ».
Après Savinien
Vers 1656, un an après le décès de Savinien-Cyrano, Henri Le Bret devient prêtre - ce qui explique sans doute son soin a gommer les aspérités les plus tranchantes de la vie de son ami. Brillant homme de lettres, il part pour Montauban où il restera jusqu'à la fin de sa vie, le 9 août 1710, à l'âge de 91 ans. Il laisse de nombreuses études sur l'histoire générale et locale et plus particulièrement les deux volumes de son
Histoire sur la ville de Montauban ainsi que des controverses, de nombreux recueils de discours et de lettres.