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Sur scènes et sur écrans

1913 - Charles Le Bargy

Théâtre de la Porte Saint-Martin - Paris

« Coquelin est un acteur comique qui possédait des dons dramatiques. Je suis un acteur dramatique qui jouerait avec des côtés comiques. »


Coquelin avait créé Cyrano à l'âge de 56 ans... Rostand aurait pu souhaiter, pour lui succéder, un comédien se rapprochant de l'âge que devrait avoir Cyrano dans la pièce. Si l'on se réfère à l'Histoire, Savinien est né en 1619, et Rostand a situé son Cyrano en 1640, le héros est donc âgé de... 21 ans... Mais non, restant dans la tradition qui n'interdit pas aux comédiens âgés de jouer les tourtereaux, Edmond Rostand choisi Charles Le Bargy, transfuge de la Comédie-Française comme Coquelin, pour reprendre le rôle.

« Le Bargy était à ce moment (il venait de quitter la Comédie française) à l'apogée de sa réputation et s'était essayé au rôle au cours de tournées en province. La reprise de Cyrano le 13 mars 1913 fut un événement théâtral. On avait refait les décors, toujours dans le même esprit réaliste ? car Rostand, bien que poète, était partisan, au théâtre, du plus strict réalisme décoratif ? et l'on s'enorgueillissait de ce que, au deuxième acte, chez Ragueneau, les victuailles étaient de vraies victuailles, et les poulets froids, de vraies poulardes ».

Robert de Beauplan dans L'Illustration du 28 janvier 1939.





La 1000è représentation

Le 3 mai 1913, c'est donc à Le Bargy que revint l'honneur de jouer Cyrano pour la millième représentation sur une scène parisienne, le 3 mai 1913. A ce moment, la pièce avait déjà connu, c'est une estimation, plus de deux mille représentations en province).

A cette occasion Edmond Rostand et toute la troupe avait tenu à rendre hommage au grand ancien disparu quatre ans auparavant, Coquelin . Lorsque vient la fameuse scène des Cadets de Gascogne :

Puisque ma compagnie est, je crois, au complet

Veuillez la présenter au compte s'il vous plait .

Ce sont les cadets des Gascogne

De Carbon de Castel Jaloux...

Charles Le Bargy enchaîna avec ces quelques vers inédits, écrits pour la circonstance par Edmond Rostand :

Non, car elle n'est plus au complet. Car, moi-même,

Je ne suis pas celui dont il faudrait la voix,

Et qui, s'étant battu neuf cent cinquante fois,

Devrait être à l'honneur de cette millième.

L'?il des braves Cadets cherche l'Aîné suprême

Qui m'a laissé cueillir le prix de ces exploits.

Passons les triolets? Il faut, ce soir, je crois,

Comme on voile un tambour, assourdir le poème.

(se tournant vers les cadets)

Et vous, levant ce soir tous vos panaches vers

Celui qui de son âme a fait vivre ces vers

Et de les voir revivre eût pleuré de tendresse

- Il aimait bien l'auteur, n'est-ce pas, Ragueneau ? ?

Elargissez, Messieurs, le grand salut qu'adresse

Au premier Cyrano le second Cyrano.



L'émotion d'Edmond Rostand

« M. le Bargy a repris le rôle si magnifiquement créé par Constant Coquelin. Jamais du reste, rôle et acteur ne furent mieux fait l'un pour l'autre. M. Le Bargy a su cependant nous donner un Cyrano qui n'a peut-être pas la truculence et le panache de celui de Coquelin mais qui nous émeut par son côté plus humain, plus douloureux. Le soir de la 1000è, M. Le Bargy fut chaleureusement acclamé. Dans la coulisse M. Edmond Rostand assistait avec émotion à ce suprême triomphe auquel manquait cependant le grand et regretté Coquelin. »

Le Miroir du Dimanche, dimanche 11 mai 1913.





Une nouvelle révélation

M. Le Bargy est Cyrano après Coquelin Aîné qui le fut d'une façon incomparable : il l'a été autrement que son prédécesseur. On l'attendait, pour ainsi dire, au coin de ce rôle magistral ; on le guettait. Ce fut une nouvelle révélation du héros : moins fou peut-être, moins grisé de sa verve et de sa faconde , mais d'une vérité plus humaine et plus pénétrante, en un mot un être réel et vivant dont la mélancolie nous émeut et la souffrance nous étreint.

Adolphe Aderer, Le Théâtre, n° 347, juin 1913



Le Bargy laissa ensuite le rôle à Lucien Rosenberg mais il devait le reprendre plus tard, notamment pour la reprise du 27 octobre 1915. C'était en pleine guerre. Les théâtres, timidement, commençaient à rouvrir leurs portes. Il y eut une répétition générale, mais toutes les places avaient été mises à disposition du général Février, directeur du service de santé, et c'est devant une salle composée de 1500 blessés des hôpitaux parisiens que Cyrano fut joué.





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FRANCE


Publié le 28 / 04 / 2005.


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