Le joual est une variété du français oral au Québec. Dans les années 1960-1970, des artistes et des écrivains québécois ont revendiqué l'usage du joual comme manifestation d'affirmation nationale ; cette mode est révolue, heureusement.
Un journaliste et auteur montréalais, Jean-Sébastien Marsan, a "traduit" un passage de Cyrano de Bergerac en joual. Juste pour le plaisir de s'amuser avec la langue.
Scène du balcon : L'original...
Cyrano de Bergerac :
Certes, ce sentiment
Qui m’envahit, terrible et jaloux, c’est vraiment
De l’amour, il en a toute la fureur triste !
De l’amour, et pourtant il n’est pas égoïste !
Ah! que pour ton bonheur je donnerais le mien,
Quand même tu devrais n’en savoir jamais rien,
S’il se pouvait, parfois, que de loin, j’entendisse
Rire un peu le bonheur né de mon sacrifice !
Chaque regard de toi suscite une vertu
Nouvelle, une vaillance en moi ! Commences-tu
À comprendre, à présent ? Voyons, te rends-tu compte ?
Sens-tu mon âme, un peu, dans cette ombre, qui monte ?…
Oh! mais vraiment, ce soir, c’est trop beau, c’est trop doux !
Je vous dis tout cela, vous m’écoutez, moi, vous !
C’est trop ! Dans mon espoir même le moins modeste,
Je n’ai jamais espéré tant ! Il ne me reste
Qu’à mourir maintenant ! C’est à cause des mots
Que je dis qu’elle tremble entre les bleus rameaux !
Car vous tremblez ! car j’ai senti, que tu le veuilles
Ou non, le tremblement adoré de ta main
... Et sa parodie, attention les oreilles !
Roméo de Tabarnak :
Ben c’est ça, là,
L’affaire qui m’envahit en dedans, c’est en plein ça
C’est l’amour que j’ai pour toé, pis ça me rend toutte triste !
J’t'en amour, mais en même temps, chu pas égoïste !
Parce que je veux que tu sois heureuse, t’sé ben
Quand bien même tu devrais savoir jamais rien,
J’aimerais quand même que des fois, quand je suis pas avec toé
Tu comprennes à quel point que j’t'aime, bébé
Chaque regard de toé me rend fou, tu comprends-tu ?
J’me peux pu ! Commences-tu
À comprendre ? Hein, te rends-tu compte ?
Sens-tu que quand je pense à toé, y’a mon envie de toé qui monte ?…
En tout cas, à soir, c’est vraiment trop cool
T’es là, chu là dans l’noir, tu me vois pas, mais tu m’écoutes full
C’est vraiment trop hot ! Même dans mes rêves la nuit,
Je pensais pas que ça arriverait ! Et là, j’te le dis, s’tie :
Je peux crever pour toé, drette là ! Bon, tu vas me dire que c’est juste du blabla
Mais je sais que ça te fait capoter ben raide, toé là là !
J’le sens, je sais que tu capotes ! Comme quand que je te prends
La main dans ma main pis que c’est que comme si que le courant passait dedans.