L'enquête de Jean-Marie Apostolidès sur la place de la comédie héroïque d'Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac, dans l'imaginaire français du XXe siècle le conduit aujourd'hui près de Louis Feuillade, un des pionniers du cinéma muet.
Cet artiste est encore fameux pour des feuilletons cinématographiques – on dirait aujourd'hui des "séries" – comme Fantômas, Les Vampires ou Judex. Il fut l'un des auteurs les plus prolifiques de la firme Gaumont, réalisant plus de cinq cents films entre 1906 et 1924, l'année de sa mort. Même si Feuillade n'a tourné aucune version de la pièce de Rostand, il n'a pu l'ignorer, ne serait-ce qu'en raison des nombreuses adaptations qu'elle a suscitées entre 1900 et 1911. L'intérêt qu'il porte à Edmond Rostand provient de son origine. Ils appartiennent l'un et l'autre à la même génération. Feuillade naissant le 19 février 1873, la même année qu'Alfred Jarry, il est de cinq ans le cadet d'Edmond Rostand. Surtout, ils viennent l'un et l'autre du sud de la France et sont très attachés à leurs racines provinciales. Si Rostand vient de Marseille, Feuillade a passé, lui, sa jeunesse à Lunel, une petite ville située entre Nîmes et Montpellier, peuplée alors de presque 8000 habitants En d'autres mots, ils sont pays.
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